L’adoption de l’enfant du conjoint est une démarche à la fois juridique et affective, qui transforme en profondeur la cellule familiale.

Avant d’entamer ce processus, il est essentiel de comprendre ses implications, tant sur le plan du droit que sur celui de la vie quotidienne.

 Cet article vise à éclairer les familles sur les enjeux et les conséquences de cette décision majeure.

1. Les fondements juridiques de l’adoption de l’enfant du conjoint

L’adoption de l’enfant du conjoint, du partenaire lié par un Pacs ou du concubin est aujourd’hui facilitée par le législateur, avec des conditions allégées par rapport à l’adoption classique.

Elle ne requiert ni condition d’âge pour l’adoptant, ni durée minimale de mariage ou de vie commune, et il n’est pas nécessaire d’obtenir un agrément.

Toutefois, l’adoption plénière de l’enfant du conjoint n’est permise que dans certains cas strictement énumérés par le Code civil :

      • Lorsque l’enfant n’a de filiation légalement établie qu’à l’égard de ce conjoint, partenaire de Pacs ou concubin ;
      • Lorsque l’enfant a déjà fait l’objet d’une adoption plénière par ce seul parent ;
      • Lorsque l’autre parent s’est vu retirer totalement l’autorité parentale ;
      • Lorsque l’autre parent est décédé et n’a pas laissé d’ascendants au premier degré ou lorsque ceux-ci se sont manifestement désintéressés de l’enfant.

Dans tous les autres cas, seule l’adoption simple reste possible.

2. Le consentement, une démarche irrévocable (ou presque)

Un point fondamental : le consentement du parent biologique (conjoint, partenaire ou concubin de l’adoptant) est requis et doit être donné devant notaire.

Ce consentement peut être rétracté dans un délai de deux mois, mais passé ce délai, il devient définitif et ne se rattache plus à une procédure en particulier : il n’a pas de limite dans le temps.

Il est crucial de comprendre que, passé ce délai de deux mois, même en cas de séparation, de divorce ou de changement d’avis, ce consentement ne peut plus être remis en cause.

Le juge doit alors uniquement vérifier que les conditions légales sont réunies et que l’adoption est conforme à l’intérêt de l’enfant.

3. Les effets de l’adoption plénière : une nouvelle filiation

L’adoption plénière de l’enfant du conjoint emporte des conséquences juridiques majeures :

      • L’enfant acquiert une filiation complète à l’égard de l’adoptant, qui se substitue à la filiation d’origine à l’égard du parent disparu ou déchu.
      • L’enfant prend le nom de l’adoptant, son acte de naissance est modifié, et il perd ses droits successoraux dans sa famille d’origine, sauf exceptions limitatives.
      • Sauf situation exceptionnelle appréciée par le juge, tout lien juridique avec la famille du parent « remplacé » est rompu.

Cependant, le juge peut, dans des circonstances exceptionnelles, maintenir un droit de visite avec la famille d’origine, notamment les grands-parents, s’il l’estime conforme à l’intérêt de l’enfant.

4. L’intérêt de l’enfant, critère central

Lorsqu’il examine une demande d’adoption de l’enfant du conjoint, le juge s’assure que l’opération est conforme à l’intérêt supérieur de l’enfant.

Il apprécie notamment :

      • L’implication de l’adoptant dans le projet parental et auprès de l’enfant ;
      • La stabilité et l’histoire familiale ;
      • L’intérêt pour l’enfant de connaître ses origines et de voir sa filiation clarifiée.

La séparation du couple n’est pas un obstacle automatique au prononcé de l’adoption, dès lors que l’intérêt de l’enfant est préservé.

5. Les dimensions émotionnelles et pratiques

L’adoption de l’enfant du conjoint est souvent l’aboutissement d’un projet familial mûri.

Elle officialise et sécurise des liens affectifs déjà existants, donnant à l’enfant deux parents à part entière sur le plan légal.

Mais elle engage aussi chaque membre de la famille sur la durée, avec des conséquences irréversibles sur la filiation, la succession, le nom et les droits et devoirs entre parents et enfants.

C’est une décision qui doit être prise en toute connaissance de cause, après avoir pesé ses implications et, idéalement, avec l’accompagnement d’un professionnel du droit qui saura éclairer les familles sur les enjeux juridiques, mais aussi sur l’aspect humain de cette aventure.

6. Conclusion : une décision à ne pas prendre à la légère

L’adoption de l’enfant du conjoint est un acte fort, porteur d’un engagement définitif, tant pour l’adoptant que pour l’enfant et l’ensemble de la famille.

Le consentement donné devant notaire n’est pas simplement une formalité ; il engage de façon irrévocable, et ses effets dépassent largement le cadre de la vie conjugale.

Avant de s’engager, il est donc indispensable de prendre conseil et d’évaluer, au-delà du désir affectif, toutes les conséquences de cette démarche.

N’hésitez pas à prendre rendez-vous pour vous faire accompagner, vous informer sur vos droits et vos obligations, et vous aider à construire une parentalité sereine et sécurisée.

© Photo : IA