La résidence alternée de l’enfant, qui consiste à partager le temps de résidence de manière alternée entre les domiciles des deux parents, est une faculté prévue par le Code civil.
Cette modalité de résidence n’est pas systématique et son instauration dépend de divers critères, toujours examinés à l’aune de l’intérêt supérieur de l’enfant.
Principes généraux et fondements juridiques
L’article 373-2-9 du Code civil prévoit que « la résidence de l’enfant peut être fixée en alternance au domicile de chacun des parents ou au domicile de l’un d’eux ».
Cette disposition confère au juge une simple faculté d’ordonner une résidence alternée, sans en faire une règle générale ou un principe.
Critères légaux et jurisprudentiels
Pour fixer la résidence d’un enfant en alternance entre les domiciles des deux parents, plusieurs critères sont pris en compte par le juge, conformément à l’article 373-2-11 du Code civil.
Ces critères incluent notamment :
- La proximité géographique des domiciles parentaux : La résidence alternée nécessite que les domiciles des deux parents soient suffisamment proches pour permettre à l’enfant de conserver un rythme de vie stable, notamment en ce qui concerne sa scolarité et ses activités extrascolaires.
- Les qualités éducatives et affectives des parents : Chaque parent doit démontrer sa capacité à assumer ses responsabilités parentales et à offrir un cadre éducatif et affectif adapté à l’enfant.
- L’âge et la maturité de l’enfant : La résidence alternée est généralement considérée comme inadaptée pour les enfants très jeunes (moins de trois ans) en raison de leur besoin de stabilité et de continuité avec leur figure d’attachement principale.
- La stabilité et le rythme de vie de l’enfant : Le juge évalue si la résidence alternée est compatible avec les besoins de stabilité de l’enfant, en évitant par exemple des rythmes de vie chaotiques ou des déplacements fatigants.
- L’entente parentale et la capacité de communication entre les parents : Une bonne coopération entre les parents est essentielle pour le succès de la résidence alternée. Un conflit parental exacerbé peut constituer un obstacle sérieux à sa mise en place.
- Le souhait exprimé par l’enfant : Lorsque l’enfant est en âge de s’exprimer, son avis est pris en considération dans le cadre des modalités prévues à l’article 388-1 du Code civil.
Résidence alternée provisoire
Le juge peut également instaurer une résidence alternée à titre provisoire afin d’évaluer son impact sur l’enfant et de statuer de manière définitive par la suite.
Cette mesure provisoire peut être ordonnée à la demande d’un parent ou en cas de désaccord entre eux.
Exceptions et motifs de refus
La résidence alternée peut être écartée dans certains cas, notamment lorsque :
- Les domiciles des parents sont trop éloignés géographiquement,
- L’un des parents ne dispose pas de conditions d’hébergement suffisantes ou n’est pas disponible pour s’occuper de l’enfant,
- L’enfant est trop jeune ou présente une détresse psychologique incompatible avec une résidence,
- Les conflits parentaux sont trop importants et nuisent à l’intérêt de l’enfant.
Conclusion
La fixation de la résidence alternée d’un enfant entre les domiciles de ses deux parents est envisagée lorsque les critères légaux et jurisprudentiels démontrent qu’elle est conforme à l’intérêt supérieur de l’enfant.
Cependant, elle reste une faculté laissée à l’appréciation souveraine du juge, qui prend en compte les spécificités de chaque situation familiale.